C’est en 1910 qu’apparaît concrètement l’idée développée par Mr de Venloo, architecte et grand sportif alors à la tête du cercle des sports, de promouvoir le jeu de golf.
DES DÉBUTS COMPLIQUÉS ET STOPPÉS PAR LA GUERRE
Le 10 novembre 1912, une délibération du Conseil Municipal arrête les conditions de location d’une parcelle dont elle est propriétaire dans les dunes de Bréville au profit de la SHN (Société hotelière de Normandie) en vue d’établir un golf. Au printemps 1913, « l’Avenir Républicain » annonce dans ses colonnes l’ouverture de 9 trous l’été suivant. Le parcours définitif, dessiné par Mr Colt nécessitera une plus longue préparation. Le Cercle Des Sports se voit confier la gestion des installations et, bien que praticables depuis près de 2 années, elles sont inaugurées officiellement le 5 juillet 1914 en présence d'Aubrey Boomer, jeune prodige originaire de Jersey. Malheureusement, le premier conflit mondial débute et le terrain est transformé en champs de manœuvre pour la garnison locale.
L’ESSOR DES ANNÉES FOLLES
Après l’armistice, Granville n’échappe pas au rush des années folles, il est fortement question de proposer un terrain à la hauteur de la réputation huppée de la station balnéaire. En 1921, le terrain de golf est en projet de réaménagement et dès le mois de juin, les travaux débutent sous la direction de Mr Green supervisé par Mr COLT. Profitant du spectaculaire paysage de dunes, l’architecte légendaire a dessiné l’un des parcours les plus vastes existant à cette époque en Europe. Les initiateurs envisageraient même un parcours de 27 trous. Jane REGNY dans l’édition 1925 de son annuaire des golfs met en évidence les qualités naturelles des links de Granville faisant état d’un rapport publié en 1922 suite la visite Messieurs SUTTON et MARTIN, spécialistes anglais et experts reconnus. Stupéfaits par ce qu’ils découvrent, ils écrivent : « ce lieu, qui donne l’impression d’être un paradis du golf…, il est peu probable que, même en Angleterre ou en Ecosse, nous comptions un parcours présentant des dispositions naturelles plus favorables ».Terre d’accueil de nombreux championnats nationaux et internationaux depuis toujours, Granville est incontournable, d’ailleurs, l’enfant du pays, Christian Dior, aimait vanter le golf auprès de ses amis.
HARRY SHAPPLAND COLT À L’APOGÉE DE SON ART…
Le grand links est un magnifique exemple des réalisations d’Harry Shappland COLT à l’apogée de son art. S’il ne reste qu’une douzaine de trous totalement d’origine, la plupart des nouveaux suivent d’assez près le même tracé que leurs prédécesseurs. Lors de sa venue en 2003, Bill COORE, subjugué par ce « pur joyaux », affirmait que « Devenir un golf de renommée mondiale présente, certes, quelques contraintes mais également nombre d’avantages ».
Harry Shapland Colt est, avec quelques rares confrères (Alister Mackenzie, Tom Simpson), le père de l’architecture moderne de golf « the Golden Age ». Dans le monde de la petite balle blanche, il n’est guère besoin de présenter cet homme qui était également membre du R&A Rules committee. Il était la quintessence du gentleman Anglais et a laissé derrière lui les plus beaux golfs de la planète. Parfois associés à des partenaires de renoms, c’est avec CH Allison, son compatriote, qu’il signa, dans un site de dunes à perte de vue, la réalisation du remarquable parcours Granvillais.
L’excellente biographie (Colt and Co – par Fred W. Hawtree).